En 2023, un ménage type paiera en moyenne à peu près un quart de plus pour son électricité que l’année passée avec de très fortes variations régionales (de 0% à +260% dans certaines communes). Cette hausse est évidemment liée à une situation énergétique exceptionnellement tendue en Europe. Certains indicateurs laissent néanmoins penser que les hausses tarifaires annoncées pour 2023 ne sont qu’un début. Les gagnants aujourd’hui : les fournisseurs, les particuliers et les entreprises qui ont fait le choix d’investir dans leurs propres centrales de génération électrique.
Des factures électriques qui s’alourdiront en 2023
avec de fortes variations régionales
Un ménage type paiera en moyenne 27% de plus pour son électricité en 2023, selon les calculs de la Commission fédérale de l’électricité (Elcom). Ce chiffre masque des variations importantes selon les cantons et les fournisseurs.
Par exemple, le prix de l’électron n’augmentera que très faiblement pour les clients de BKW (Berne, Jura). Dans le même temps, la facture sera plus salée pour la majorité des clients de Romande Energie (Vaud, +50%) et pour les consommateurs desservis par Viteos (Neuchâtel, +52%). Par ailleurs, l’augmentation du prix de l’électricité sera plus modérée mais tout de même importante à Genève (SIG, +22%) et à Fribourg (Groupe E, +19%).
La palme de la plus grosse augmentation revient à la commune de 2000 habitants de Oberlunkhofen (AG). En effet, son prix de l’électricité va plus que tripler l’année prochaine.
Beaucoup d’incertitudes pour les années à venir
Il est raisonnable de penser que certaines de ces tensions ne sont que transitoires. Il pleuvra peut-être plus l’année prochaine. Les centrales françaises produiront à nouveau à leur pleine capacité. L’Europe diversifiera l’origine de son gaz. Néanmoins, le marché reste très méfiant.
Comme pour la majorité des matières premières, l’électricité est généralement échangée via des contrats à terme. Dans ces contrats, producteurs et fournisseurs se mettent d’accord aujourd’hui sur une quantité d’électricité et sur un prix pour une livraison dans le futur (par exemple dans un an).
L'électricité sensiblement moins chère
que sur le marché libre pour les ménages
En Suisse, le prix moyen qu’un fournisseur doit payer aujourd’hui pour sécuriser un MWh en 2023 est de plus de CHF 500 (à la date de publication de cet article). A titre de comparaison, un ménage payera en 2023 en moyenne CHF 150/MWh pour son électricité (en excluant les taxes et les frais de réseau et de transport), soit plus de 3 fois le prix du marché pour l’année prochaine. Pour une échéance à 2024, le fournisseur doit débourser en moyenne CHF 250 pour un MWh (soit 1.8x le prix que nous payerons en 2023). À partir de 2025, les prix se normalisent mais restent significativement supérieurs à CHF 150/MWh.
En d’autres mots, un fournisseur qui renouvelle aujourd’hui un contrat d’approvisionnement pour les 4 prochaines années payera plus que ce qu’il facture en 2023. Il devra donc logiquement augmenter ses tarifs les années suivantes, sans quoi il devra assumer des pertes.
Donc vous l’aurez donc compris, le nerf de la guerre pour les fournisseurs est aujourd’hui de produire leur électricité pour se protéger contre la volatilité des prix de l’électricité. Pour reprendre l’exemple de BKW, le groupe produit plus d’électricité qu’il n’en distribue. Cela lui permet une certaine flexibilité pour fixer ses tarifs et ainsi éviter de répercuter les hausses du marché libre sur ses clients.